L’intelligence artificielle et la blockchain : accélérateurs d’adoption massive et vecteurs de changement 

L’intelligence artificielle (IA) et la blockchain sont deux technologies disruptives qui transforment de nombreux secteurs d’activité, et ce dès leur adoption. Laissez-nous vous décrypter de A à Z le contexte, l’économie et la technologie actuelle pour terminer sur ce à quoi ils ambitionnent de devenir par la suite. 

« Je ne suis pas d’accord avec l’appellation d’intelligence artificielle : je pense que cette technologie augmentera notre intelligence. »

Ginni Rometty, ancienne PDG d’IBM, co-fondatrice de OneTen et siège notamment au conseil de JPMorganChase.

L’IA et les enjeux de demain 

L’intelligence artificielle est un moteur clé de l’innovation et de la croissance. Cette dernière est en train de transformer la façon dont nous travaillons, nous vivons et nous communiquons. L’arrivée de ChatCPT en novembre 2022 au sein du grand public et les 616 millions d’utilisateurs mensuels qu’il engrange aujourd’hui en font l’outil avec la croissance la plus rapide de tous les temps. Contrairement à ce que la création et l’engouement récent laissent entendre, des premières notions d’IA remontent dans les années 50 avec : Warren McCullough et Walter Pitts, scientifiques et logiciens passionnés par la neurologie ; Marvin Minsky et Dean Edmonds, jadis étudiants d’Harvard et créateurs du SNARC ; ou encore Alan Turing (l’inventeur de fameuse machine Turing). La globalité de leurs recherches respectives gravite autour de la création d’un réseau de neurones dans l’objectif d’une réplique de l’intelligence humaine dans des machines. 

Graphique qui illustre le temps qu’a nécessité chaque société pour atteindre les 1 millions d’utilisateurs. Données de Statista et graphique de Tooltester.

Le marché de l’IA et son potentiel 

Le marché de l’IA est actuellement estimé à 150 milliards de dollars, dont près de la moitié est représentée à travers les entreprises américaines. Cependant, l’Asie rattrape rapidement son retard : une croissance potentielle de dix fois d’ici 2030 est prévue, ce qui représenterait un taux de croissance annuel de plus de 30% ! Les investissements réalisés plus récemment pourraient l’emmener au sommet de la pyramide.  

L’IA trouve déjà des applications dans de nombreux secteurs, tels que la médecine, l’industrie, l’automobile et les villes intelligentes par exemple. En médecine, l’IA est typiquement utilisée pour les diagnostics, l’assistance chirurgicale et la modélisation épidémiologique. Il est maintenant commun et normalisé d’avoir un Chatbot lorsque vous arrivez sur un site également. Du côté juridique, la société Do Not Pay avait comme objectif de mettre en place l’intervention d’une IA dans un procès. Surnommé “avocat robot”, l’IA devait servir d’aide aux avocats (sous forme d’une oreillette) ou permettre à ceux qui n’ont pas l’argent nécessaire d’avoir une défense juridique. Ici l’IA ne remplacerait pas l’humain mais l’aiderait. Le projet a cependant été annulé car la société a reçu d’innombrables lettres de haines et de menaces. Les domaines d’applications sont considérables tant que des données sont de qualités, disponibles et en grande quantité pour être exploitées. 

L’IA dans le marché des cryptomonnaies

Le marché des cryptomonnaies pour l’IA est actuellement évalué à 2,5 milliards de dollars, ce qui représente moins de 2% du marché global de l’IA. Cependant, à mesure que les cryptomonnaies gagnent en popularité (autour de 100 sont créés chaque jour, à noter qu’uniquement certaines gagnent de la valeur par la suite) et que la population l’intègre dans son quotidien, on peut s’attendre à une croissance parallèle de l’IA dans ce domaine. 

Graphique qui montre l’évolution de la taille globale du marché de l’Intelligence artificielle (IA) depuis 2022 et ses prédictions jusqu’a 2032. Source : Precedence Research.

En effet, les programmes d’IA nécessitent des données de haute qualité pour automatiser efficacement leurs processus. C’est ici que la blockchain entre en jeu : cette technologie garantit l’authenticité des données, ce qui est essentiel pour l’IA. La technologie de la blockchain permet de fournir un registre sécurisé, transparent et immuable pour toutes les transactions, garantissant ainsi la qualité et la fiabilité des données. Cela a des implications majeures pour les contrats intelligents (ou « smarts contracts » #JeudiDéfi7) et les programmes d’exécution autonomes notamment. La blockchain aide aussi à résoudre le problème de la « boîte noire » de l’IA, où il est souvent difficile de comprendre comment un système d’IA a pris une décision particulière. Dorénavant, chaque décision prise et chaque pas d’apprentissage peut être enregistré sur une chaîne de blocs, offrant une traçabilité et une justification sans précédent. 

En reprenant le modèle de gouvernance décentralisé, les problèmes éthiques concernant le détenteur de l’IA en question sont réglés. La blockchain peut également aider l’IA en matière de confidentialité des utilisateurs grâce à sa décentralisation et sa cryptographie, ce qui influence par la suite le stockage et le partage de ses données. Plusieurs projets combinent déjà l’IA et la blockchain pour offrir des solutions alternatives et innovantes. Dans sa course à l’innovation, le fondateur de OpenAI, Sam Altman, lance World Coin (WLD) : un projet d’envergure couplant les capacités de l’univers Blockchain et son savoir-faire en termes d’intelligence artificielle visant à profondément bouleverser nos habitudes. Les notions clés employées pour qualifier le projet sont : confidentialité de l’utilisateur, revenu universel de base et monnaie numérique. Le projet crypto Chainlink (LINK) exploite aussi ces deux technologies dans le but de sécuriser et cultiver les échanges d’entreprises en les inscrivant dans des blockchains et les connectant (on parle du projet notamment dans l’Hebdo Crypto du 7 juin). 

Une réception manichéenne 

Le progrès déclenche toujours des avis tranchés et opposés. Tandis que certains acclament la technologie, l’innovation, ainsi que l’algorithmie se cachant derrière DALL-E2, GEN-2 ou encore TextCortex ; d’autres soulignent ses dangers. L’automatisation de l’intelligence humaine et de ses capacités hors-normes risque de continuer à remplacer l’homme dans de nombreux domaines (et donc de faire disparaître des emplois). Elle peut aussi créer des données véraces en apparence et créer ce que l’on appelle des deepfake – la création de données, d’images ou de vidéos qui n’ont jamais existé. Nous effleurons ici la diffamation, or la contemporanéité de l’IA rend la réglementation de cette dernière encore floue. En ce moment même a lieu le premier procès d’OpenIA après que de nombreuses personnes se sont vues accusées de crimes qu’elles n’ont pas commis.  

Ce graphique illustre la volonté de faire confiance (violet foncé) et d’accepter (violet clair) les IA à travers différents pays. Source : Rapport « Trust in Artificial Intelligence » soit « La confiance dans l’intelligence artificielle » de KPMG et de l’Université de Queensland.

« La réussite dans la création de l’intelligence artificielle serait le plus gros évènement dans l’histoire de l’humanité. Malheureusement, il se peut que ça soit le dernier si nous n’apprenons pas à maitriser ses risques. »

Stephen Hawking

Conclusion 

La symbiose qui se tisse entre l’intelligence artificielle et la blockchain n’est pas un hasard, il serait presque correct de les considérer comme complémentaires. Tandis que l’IA apporte les capacités de traitement de données, d’identification de tendances ou encore de prise de décision ; la blockchain quant à elle apporte ses notions clés de transparence, de décentralisation et enfin de confidentialité. A noter qu’il faut aussi que la société et la population soient prêts à les accueillir. Une utilisation régulière de ces deux derniers annonce une adoption massive des nouvelles technologies, les transformant ainsi en vecteurs de changement majeurs. Ensemble, ils ont donc le potentiel de transformer l’économie numérique mais aussi et surtout toutes les branches de notre société actuelle. 

Ses enjeux et son potentiel sont à l’image de ses menaces, c’est donc une technologie qui doit être maniée avec une main de fer dans un gant de velours. Sinon, le futur risque de s’apparenter à une dystopie digne de 1984 de George Orwell.